KONGOSAN EIGENJI BELGIQUE
Qu'est ce que le Bouddhisme Tendai?
(version originale en anglais : https://www.tendai-usa.org/what-is-tendai-buddhism )
Introduction de l'enseignement Tendai (historique)
Le Bouddhisme Tendai a été autorisé comme Ecole Bouddhiste officielle par la court Impériale du Japon le 26 janvier 806 de notre ère. Dengyō Daishi (Saichō 最澄, 767- 822), le fondateur du Bouddhisme Tendai Japonais, croyait en l'enseignement de l'Ekayāna (Véhicule Unique); Toutes les personnes sont égales et toustes peuvent atteindre l'éveil spirituel. Il fut autorisé à enseigner et former des moines pour répandre cet enseignement basé sur le Véhicule Unique. Dengyō Daishi souhaitait la reconnaissance officielle du bouddhisme Tendai. De plus, il espérait que toutes les écoles Bouddhiste japonaises de l'époque puisse coexister en vue de soulager les souffrances de tous les êtres sensibles / vivants. Grâce à ceka, quand la court Impériale autorisa l'enseignement du Bouddhisme Tendai, elle supporta également un certain nombre de moines d'autres écoles du Bouddhisme en termes de soutien financier pour leur éducation.
Intégration des Soutras et Tantras (historique)
Le fondateur de l'école japonaise Tendai, Saichō (767-822), construisit son premier temple sur le Mont Hiei en 788 avec le soutient du gouvernement japonais de la période Heian. L'actuel Konponchūdō (temple principal) fut reconstruit lors du 3ème Tokugawa Shōgunate Iemitsu, en 1641. Une lampe perpetuelle fut allumée par Saichō, priant qu'elle brille pour toujours, jusqu'à l'arrivée du futur Bouddha (Maitreya) au Japon. Sa prière est préservée dans la collection de poèmes impériaux choisis "Allumer brillamment la Lumière du Dharma jusqu'à ce que le prochain Bouddha (Maitreya) apparaisse." Ce poême est devenu aujourd'hui un chant de l'école japonaise Tendai aujourd'hui.
L'ère Heian a commencé en 793 lorsque l'empereur Kanmu (781-806) a déplacé la capitale de Nara à la ville de Kyōto afin de mettre fin à l'ingérence du Bureau des affaires monastiques du bouddhisme traditionnel de Nara. L'empereur Kanmu demanda alors au jeune moine Saichō d'obtenir une lignée traditionnelle du bouddhisme chinois Tendai. Kanmu envoya Saichō en Chine. Saichō obtint successivement la lignée traditionnelle T'ien-t'ai ainsi que les préceptes de bodhisattva auprès de Tao-sui 道邃 au mont T'ien-t'ai fondé par Zhiyi (538-597). Pendant son séjour au mont T'ien-t'ai, il a également reçu de Hsiu-jan 脩然 l'école Ox Head of Ch'an 牛頭禅. Saichō a également reçu des initiations ésotériques de Shun-hsiao 順暁 dans un temple de montagne à l'est de Chig-hu dans le Yuch-chou. Pour Saichō, c'était une bonne occasion d'avoir le premier centre de préceptes Mahāyāna au Mont Hiei pour cette même occasion. Saichō se rendit en Chine en 804, y est resté un an, et a obtenu la lignée T'ien-t'ai ainsi que le bouddhisme ésotérique. Finalement, le Tendai japonais transmet les quatre types d'enseignements de Chine, à savoir En (l'enseignement parfait du Sūtra du Lotus), Mitsu (l'enseignement ésotérique), la méditation zen, et Kai (les préceptes du Mahāyāna). Lors du retour de Saichō au Japon, l'empereur Kanmu était malheureusement malade. Sa première tâche fut donc de prier pour le rétablissement de Kanmu. Finalement, il offrit la première cérémonie ésotérique de rituel du feu au Japon.
Triple Visions en une Pensée & Trois Mille Réalités en un Seul Moment de Conscience.
Le concept T'ien-t'ai de discernement du réel est appelé Isshin-sangan et Ichinen-sanzen. L'Isshin-sangan est un type de méditation T'ien-t'ai dans lequel on observe un phénomène de trois points de vue en un seul moment de conscience, à savoir,
1. Kū (vacuité 空); tous les phénomènes sont relatifs et dépendent d'autres phénomènes, et toute existence est par essence dépourvue de permanence, puisqu'elle naît de causes diverses. C'est la non-substantialité, ku.
2. Ke (Conventionel 假); Néanmoins, les phénomènes sont là en tant que réalité, mais les phénomènes sont provisoires en apparence. Il s'agit d'une réalité temporelle.
3. Chū (milieu 中); Comme chaque phénomène est un mélange de kū et de ke, il doit être considéré comme occupant un point médian entre les pôles de deux visions extrêmes de la vacuité et de la temporalité.
Pour l'adepte du T'ien-t'ai, ces "sangan三観" ou "Issin-Sangan一心三観" ne font qu'un par essence et correspondent à la compréhension intuitive de Ku, Ke et Chu à la fois, mais pas à la compréhension graduelle. Kū, ke et chū correspondent respectivement aux trois aspects du phénomène : sa dépendance à l'égard des conditions de causalité, son existence temporaire et sa véritable nature. Ces trois aspects des phénomènes ne peuvent être indépendants les uns des autres. Cette doctrine de l'Isshin-sangan occupe une place centrale dans la secte T'ien-t'ai et est considérée comme l'enseignement ultime du Bouddha.
Ichinen-sanzen : Trois mille réalités existent dans un seul moment de conscience. Que nous soyons conscients ou non, les trois mille réalités existent à chaque instant de notre conscience. C'est l'idée de base de la doctrine Tendai. Selon le Mo ho chi kuan (Grand manuel pour calmer l'esprit / discerner le réel), basé sur le sūtra du Lotus, on trouve l'expression suivante :
"Ce que nous appelons l'Eveil soudain et parfait consiste à relier notre esprit à la réalité dès le début et à visualiser l'objet de l'esprit. C'est en fait identique à la voie du milieu. Ce n'est pas différent de la vérité conceptuelle. Lorsque notre esprit se rapporte au Domaine du Dharma, même nos formes visuelles et notre parfum ne diffèrent pas de la Voie du Milieu. Notre monde, le monde de Bouddha, le monde des êtres sensibles ou les cinq agrégats sont tous, en fait, les expressions de la Voie du Milieu. "ii
La voie du milieu est une caractéristique unique du concept Tendai de discernement du réel. Le bouddhisme ésotérique considère les phénomènes et les principes à travers le rituel ésotérique des trois secrets (tri-guhya), du corps (mudrā), de la parole (mantra) et de l'esprit (visualisation). Cette voie du milieu est identique à ces expressions ésotériques d'une vision pratique afin d'harmoniser des opinions contradictoires. En d'autres termes, le rituel ésotérique du bouddhisme Shingon n'est rien d'autre que l'expression de la vérité du milieu. Ce point de vue est l'ésotérisme Tendai.
Les trois mille réalités comprennent toutes les existences phénoménales. Notre monde se compose de dix royaumes iii, chacun des dix royaumes d'êtres comprend les neuf autres royaumes. Il y a donc cent royaumes en nombre. Les dix ainsités du Sūtra du Lotus iv sont impliquées dans les cent royaumes. Ainsi, tout le monde conçoit mille royaumes. Ces mille réalités sont multiples dans les trois domaines d'existence, c'est-à-dire les domaines des êtres sensibles, des êtres non sensibles et des cinq agrégats qui constituent tous les êtres, sensibles ou non.
Sans conscience, trois mille réalités se trouvent dans un seul moment de conscience.
Union de l'enseignement Exotérique et Esotérique
Nous pouvons retracer les enseignements exotériques et ésotériques au Vimalakīrti-nirdeśa Sūtra. Les expressions suivantes montrent l'élément ésotérique dans ce sūtra : "Parmi les véritables bodhisattvas, leur mère est la transcendance de la sagesse, leur père est l'habileté dans la technique de libération ; les leaders sont nés de tels parents. "viii
Le traducteur de ce sūtra, Robert Thurman, commente que la sagesse (prajñā) est la cloche et que la technique libératrice (upāya) est le vajra.ix L'union d'upāya et de prajñā est la grande libération mokṣa. Le bouddhisme ésotérique Shingon affirme que l'union du Domaine du Garbha Maṇḍala et du Vajradhātu Maṇḍala est la grande libération.
L'ésotérisme Tendai, quant à lui, est dérivé du Lotus sūtra. L'herméneutique du Lotus dans le T'ien-t'ai de Zhiyi est que les 14 premiers chapitres sont upāya, l'habileté dans les moyens, et les 14 derniers chapitres sont la sagesse prajñā et la vie éternelle du Bouddha. Saichō a interprété les 14 premiers chapitres en fonction du concept Tendai de l'illumination originelle. Notre vie se compose de deux mondes, à savoir le monde apparent ou phénoménal et les mondes éternels, l'apparent et l'éternel. Saichō a établi deux options pour les programmes de formation des moines Tendai. L'une était un cours de pratiques de méditation, śamatha (calme) et l'autre de pratiques ésotériques, Vipaśyanā (discernement). Les moines du premier cours devaient maîtriser le bouddhisme exotérique, tandis que le second cours exigeait la maîtrise de l'ésotérisme de Vairocana. De nos jours, le point culminant du cours exotérique est la méditation dans les salles Ninaidō sur le mont Hiei. Les moines pratiquent des méditations pendant quatre-vingt-dix jours jusqu'à ce que le Bouddha vivant apparaisse devant le pratiquant. Après la pratique, les moines se retirent pendant douze ans dans le temple Jōdoin où le fondateur Saichō dort sur le mont Hiei, Pratiquer le Rōzangyō. Un exemple actuel de cours ésotérique est le Kaihōgyō. Les moines se lèvent à minuit et quittent la salle Myoodō pour un pèlerinage qui consiste à visiter 260 lieux sacrés autour du mont Hiei pendant 1 000 jours sur une période de sept ans.
Pendant la pratique rituelle du gyō, le moine marche d'abord 29km par jour, avant d'atteindre 84 km par jour vers la fin. Ces deux exemples représentent un entraînement extrême dans les deux cours, le cours "Calmer l'esprit" et le cours "Discerner la voie ésotérique". Les prêtres ordinaires doivent rester 65 jours au monastère de Gyōin, sur le mont Hiei, pour pratiquer les deux cours. C'est le minimum requis pour tout prêtre Tendai au Japon.
Le premier mois, le prêtre novice s'exerce à la récitation de sūtras exotériques. Le dernier mois est consacré à l'apprentissage des pratiques ésotériques connues sous le nom des quatre initiations au bouddhisme ésotérique, qui sont le Juhachidō (dix-huit façons d'accueillir les bouddhas), le Taizōkai (Garbhadhātu Maṇḍala), le Kongōkai (Vajradhātu Maṇḍala) et le Goma (rituel du feu). Avant d'entrer dans le cours ésotérique, le pratiquant se prosterne devant les mille Bouddhas pour l'initiation ésotérique.
Soutra et Tantra
Les Soutras sont les textes des discours du Bouddha Śākyamuni et les tantras sont les rituels sur la façon d'idéaliser la cérémonie tissée à partir des sūtras exposés par le Bouddha. Le bouddhisme Tendai met l'accent sur le Bouddha historique Śākyamuni, qui représente le monde exotérique, et sur le Bouddha éternel Vairocana, qui représente le monde ésotérique du Dharmakāya (l'aspect le plus élevé des trois corps de Bouddha). Tous deux ne font qu'un. Il s'agit là d'une différence majeure entre le bouddhisme ésotérique Shingon (Tōmitsu) et le bouddhisme ésotérique Tendai (Taimitsu). Le bouddhisme ésotérique Shingon fondé par Kūkai (774-835) affirme que les enseignements du Mahāvairocana Sūtra et du Vajrashekhara Sūtra sont supérieurs au Lotus Sūtra, et que le Bouddha Vairocana est distinct et prééminent par rapport à Śākyamuni. Il existe d'autres différences entre l'ésotérisme Tendai et l'ésotérisme Shingon, comme le fait de s'appuyer sur des sūtras et des textes différents, et des lignées différentes, mais une caractéristique du bouddhisme Tendai est son insistance sur le fait que les enseignements du lotus Tendai et l'ésotérisme Shingon ont fondamentalement la même signification.
Les bases du Bouddhisme Mahāyāna de Saichō
Le principal Sūtra Māhāyāna exotérique sur lequel Saichō s'appuyait était le Sūtra du Lotus, tandis que le Sūtra ésotérique était le Sūtra Mahāvairocana. L'enseignement principal du Tendai japonais est basé sur la philosophie chinoise T'ien-t'ai initiée par Zhiyi (538-597) dans son Mo ho chi kuan (Le Grand Manuel du Calme et du Discernement) basé sur le Sūtra du Lotus.) Le texte tantrique, le Mahāvirocana Sūtra, est un ouvrage légèrement postérieur au Mo ho chi kuan et a été composé vers le VIIe siècle dans la région qui est aujourd'hui l'Afghanistan. Le Lotus Sūtra et le Mahāvairocana Sūtra mettent tous deux l'accent sur la compassion, qui est au cœur du bouddhisme Māhāyāna. Dans son Sange gakushōshiki, Saichō déclare : "Les bouddhistes à l'esprit religieux sont appelés bodhisattvas en Occident (c'est-à-dire en Inde) et gentilshommes en Orient (c'est-à-dire en Chine). Ils prennent le mal sur eux afin d'en faire bénéficier les autres. C'est le sommet de la compassion.
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Ce qui précède est un extrait de Tendai Buddhist Sect Overseas Charitable Foundation (2013, 27 novembre) THE FIRST MAHĀYĀNA PRECEPTS PLATFORM AT MT.HIEI BY DENGYŌ DAISHI SAICHŌ (La première plateforme MAHĀYĀNA à MT.HIEI par DENGYŌ DAISHI SAICHŌ).
Notes de bas de page :
i La période Heian au Japon a duré 390 ans, de 794 après J.-C., lorsque l'empereur Kanmu a déplacé la capitale à Kyoto, à 1192 après J.-C., lorsque Yoritomo a établi le premier gouvernement du Shogunat à Kamakura.
ii Le Mo hi chi kuan Taisho Tripitaka, vol.46. pp.lc23-25.
iii Dix royaumes d'êtres vivants : l'enfer, le monde des esprits affamés, des animaux, des ashuras, et des hommes ; le ciel, le monde des Sravkas, des Pratyekabuddhas, des Bodhisattva et des Bouddhas. Et chacun des dix royaumes d'êtres contient les neuf autres en lui-même. Il y a donc cent royaumes au total. Ces cent royaumes ont chacun les dix facteurs d'êtres (jyunyoze). On conçoit donc qu'il y a mille royaumes. Ces mille royaumes peuvent être vus dans les trois domaines de l'existence : les domaines des êtres sensibles, des êtres non sensibles et des cinq agrégats (skandhas) qui constituent tous les êtres, sensibles ou non. Ces trois mille domaines sont contenus dans un seul esprit. Il s'agit d'une doctrine importante de l'école Tendai selon laquelle tous les phénomènes de ce monde sont inclus dans une seule pensée que les êtres humains pensent dans leur vie quotidienne.
iv Seul un bouddha avec un autre bouddha peut sonder la réalité de l'existence, c'est-à-dire que toute existence a une telle forme, une telle nature, une telle incarnation, une telle puissance, une telle fonction, une telle cause primaire, une telle cause secondaire, un tel effet, une telle rétribution et un tel ensemble complet. Taisho Tripitaka vol.9 p.5c.
v A Guide to the Tiantai Fourfold Teachings, TIANTAI LOTUS TEXTS, BDK English Tripitaka Bukkyo Dendo Kyokai America, Inc. 2013) pp.153-210 tr, D.Chappel & M.Ichishima
vi Tendaishu Zensho Vol.10 p.26a.
vii Cf. The Features of the concept of Enmitsu-Itchi in Ninku's writing, Journal of Buddhist Studies, Vol.51 December 2009
viii Robert A.F. Thurman, tr., The Holy Teachings of Vimalakirti (Pennsylvania State University, 1983) p.67
ix Thurman, p.124 notes 24
x Paul Groner, SAICHŌ: The Establishment of the Japanese Tendai School (Berkeley Buddhist Studies Series, 1984) p.117